CHAPITRE 20

 

— Quand je t’ai demandé de m’emmener à l’abri, dit Dahlia, ce n’est pas vraiment à cela que je pensais.

Elle nagea jusqu’au bord de la piscine et mit sa main en visière pour le regarder.

— Et je n’arrive pas à croire que tu aies convaincu l’amiral de prendre l’avion jusqu’ici pour récupérer lui-même les données. Des recherches, soit dit en passant, qui ne déboucheront probablement même pas sur une arme viable.

— Je ne l’ai pas forcé, fit remarquer Nicolas. Et il aurait pu envoyer quelqu’un à sa place. Il voulait te voir.

Dahlia grimaça, ou du moins fit semblant. Elle était trop détendue et trop heureuse pour se sentir d’humeur à se plaindre.

— Il avait simplement envie de te rencontrer et de parler des GhostWalkers. Ses hommes se débattent avec tellement de problèmes. Tu crois vraiment que Lily pourra les aider ?

— Elle l’a bien fait pour nous, répondit-il. J’ai dit à l’amiral que tout ce qu’ils avaient à faire, c’était lui téléphoner et s’identifier pour qu’elle les accepte dans le programme. Ce n’est pas comme si leur existence était un terrible secret farouchement gardé. Cela fait quelque temps que Lily soupçonnait que son père avait conduit son expérience d’abord sur les petites filles, puis sur nous, et enfin sur un autre groupe d’hommes, dans le secret de son laboratoire privé. Nous n’avons pas encore retrouvé d’archives les concernant, mais ce n’est qu’une question de temps. Le professeur Whitney était un scientifique très méticuleux. Il enregistrait tout. Ces informations sont quelque part dans le labo, et Lily les trouvera. Ils feraient aussi bien de se montrer et d’accepter son aide.

— Je reste convaincue que tu as obligé l’amiral à venir exprès. (Elle étudia longuement son visage, le dévorant amoureusement des yeux.) Tu voulais lui montrer la différence entre ma vie d’avant et celle que je mène aujourd’hui avec toi, déduisit-elle, perspicace. Tu voulais qu’il le voie de lui-même.

Nicolas haussa les épaules avec décontraction et secoua la tête.

— Je persiste à dire que je ne l’ai pas forcé.

Il lui adressa son visage le plus inexpressif, mais cela ne dura pas, et un sourire satisfait se dessina presque immédiatement sur ses lèvres. Il n’avait pas insisté lourdement, mais il savait que l’amiral avait compris où il avait voulu en venir.

Nicolas se tenait près de sa magnifique chute d’eau, presque camouflé par la végétation luxuriante. On aurait dit un sauvage, musclé et nu comme un ver. Dahlia fit jaillir une gerbe d’eau et s’éloigna du bord pour flotter sur le dos. Elle savait qu’il aimait la regarder. Son regard noir s’attardait sur son corps, sur chacune de ses courbes et chacun de ses creux. Elle y lisait toujours le désir, cette soif intense qu’il ne lui cachait jamais. Cela lui remuait les entrailles, et elle savait qu’il en serait ainsi pour toujours.

— Mais si, rétorqua-t-elle. Tu lui as dit que je n’étais pas en état de me déplacer et qu’il fallait qu’il mette les données en lieu sûr. En gros, tu ne lui as pas laissé le choix.

Nicolas haussa les épaules sans paraître le moins du monde perturbé.

— Sa visite s’est très bien passée.

Il s’accroupit au bord de la piscine et lui tendit un verre de limonade à la fraise. Ce n’était rien d’autre qu’un appât qu’il lui proposait. Dahlia adorait cette boisson, et il savait qu’elle finirait par regagner le bord du bassin, ce qui lui permettrait de profiter du spectacle de son corps glissant dans l’eau, de ses seins flottant sans entrave et des visions fugitives de son entrejambe qu’il entrapercevait pendant qu’elle nageait. Elle adorait l’eau et passait beaucoup de temps à nager nue dans la piscine. Il restait parfois assis à la regarder, et son corps réagissait toujours avec un désir rigide et douloureux qu’il savait pouvoir combler à tout moment.

— C’est un piège ? demanda-t-elle sur un ton méfiant en observant le verre givré.

— Possible.

Il ne chercha pas à lui cacher la réaction de son corps. Son membre était dur et palpitant d’un désir irrépressible. Mais il aimait avoir envie d’elle. Il adorait ce qu’elle lui faisait et l’extase complète qu’elle lui apportait. Où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, il suffisait qu’elle se déplace d’une certaine manière pour que l’air se mette à crépiter de tension sexuelle.

Un petit sourire appétissant se forma sur la bouche de la jeune femme.

— C’est vrai ? J’adore tes petits pièges. Je les connais, depuis deux semaines que je suis là.

— Oui, tu es ma prisonnière. Tu es complètement tombée dans le panneau.

Il aspira une gorgée de limonade et se passa la langue sur la lèvre inférieure pour n’en laisser échapper aucune goutte.

— Et je n’ai aucune intention de te libérer.

— Ce n’est pas juste ! Tu sais que je suis accro à cette limonade.

— Elle est glacée, juste comme tu l’aimes, ajouta-t-il pour la tenter davantage.

Il avala lentement une nouvelle gorgée et laissa les gouttes qui s’étaient formées sur le verre glisser le long de sa peau. Dahlia les suivit de ses yeux noirs, tout à coup brûlants.

— Tu sais ce que je pense ? demanda-t-elle. Je crois que tu essaies de me faire oublier que cela fait deux semaines que je suis chez toi à me prélasser.

En effet, elle passait son temps à courir le long des petits chemins escarpés qui serpentaient à travers sa propriété. Elle nageait des heures entières dans la piscine, se sentant incroyablement décadente. Ils s’exerçaient dans son gymnase et s’entraînaient dans son dojo. Et ils faisaient l’amour partout. Dans tous les endroits qui leur passaient par la tête à l’un et à l’autre. Ou quand les émotions devenaient si intenses qu’elles en étaient insupportables. C’était tantôt une passion rageuse et sauvage, tantôt des moments d’une douceur insoutenable.

— Je crois que tu as raison, admit-il sans la moindre once de remords. Tu craignais de ne pas pouvoir vivre avec moi, mais tu vois, nous nous en sortons très bien.

Elle rit. Cela ne manquait jamais de le mettre dans tous ses états. L’air se mit à crépiter. Il entendait ce bruit se mêler au rire de Dahlia, et son besoin de la sentir sous lui et de l’entendre hurler son nom se fit plus fort. Ils avaient découvert qu’ils se nourrissaient mutuellement de leur énergie sexuelle et avaient appris à la laisser les submerger sans résister, à l’utiliser et à en profiter.

— J’ai comme l’impression que tu cherches à m’entraîner quelque part, Nicolas.

— M’accuserais-tu d’avoir des arrière-pensées ?

Dahlia se rapprocha de lui en nageant. Les pointes de ses seins se balançaient de manière tentatrice. On aurait dit une nymphe exotique, une sirène dont le chant l’attirait sans discontinuer. Nicolas se laissait volontiers hypnotiser. Elle était en train de le provoquer de tout son corps Dahlia n’était pas timide ; elle ne souffrait d’aucune inhibition face à l’acte sexuel. Elle se régalait du corps de Nicolas tout comme lui se régalait du sien, et ne s’en cachait pas.

Il posa le verre sur le rebord de la piscine, mais hors de sa portée. Elle mordit à l’hameçon et lui tendit la main pour qu’il l’aide à sortir de l’eau. Elle émergea, toute ruisselante, puis se coucha à plat ventre sur l’épais matelas noir qu’il laissait toujours à sa disposition pour ses bains de soleil et attrapa son verre. Ce geste eut pour effet d’étirer son corps et d’offrir à Nicolas une vue délicieuse sur la plénitude de son sein, et un aperçu parfait de la séduisante courbe de son derrière. Il se pencha paresseusement et lapa l’eau qui s’était accumulée dans le creux de son dos. Puis il promena sa main sur les rondeurs féminines de ses fesses.

Dahlia sourit.

— J’adore cette limonade.

Les caresses de Nicolas la faisaient frissonner. Elle sentit la langue de Nicolas explorer les fossettes de son dos avant de poursuivre sa lente descente.

— Hé !

Elle poussa un cri de feinte protestation lorsqu’elle sentit qu’il commençait à la mordiller, mais resta immobile, absorbant les sensations de sa bouche, de ses dents qui multipliaient les petites morsures et de sa langue courant sur sa peau. Elle ferma les yeux et posa la tête sur son bras, les doigts refermés autour du verre de limonade.

Nicolas lui massa les jambes, pétrissant ses muscles avec les doigts. Le soleil irradiait sur sa peau et le vent la caressait doucement, ajoutant encore à l’extase du moment.

— Retourne-toi, kiciciyapi mitawa.

La voix de Nicolas avait pris le ton un peu voilé qu’elle avait toujours lorsqu’il l’appelait « mon cœur ». Cela suffisait à la faire fondre de la tête aux pieds.

Elle garda les yeux fermés.

— Si je me retourne, tu vas devenir coquin. J’aime bien être couchée comme cela en sachant combien tu me désires.

Il se pencha au-dessus d’elle, l’embrassa sur le cou et fit descendre ses lèvres le long de sa colonne vertébrale.

— Je vais devenir coquin de toute façon.

— Vraiment ?

Elle bougea et se retourna lentement, le corps de Nicolas par-dessus le sien, de manière que sa peau frotte contre la sienne. La tension de ses seins se fit douloureuse, et les palpitations entre ses cuisses plus intenses. Les larges épaules de Nicolas cachaient le soleil mais ses yeux luisaient de désir. Elle passa amoureusement les doigts sur sa mâchoire.

— Je n’ai pas mon mot à dire ?

— Non, déclara-t-il. C’est moi qui commande.

Son visage était tout proche de celui de la jeune femme, et son haleine chaude lui chatouillait la peau. Il la gratifia d’un long et vigoureux baiser, preuve que sa tranquillité n’était qu’apparente. Il bouillait intérieurement et semblait sur le point d’entrer en éruption. Dahlia passa lentement les doigts sur son ventre. Elle sourit en sentant sa réaction, ses muscles qui se contractèrent, son membre épais qui se raidit davantage contre sa cuisse.

Il éloigna les mains de Dahlia, lui prit son verre de limonade et l’inclina pour que la boisson glacée se renverse sur son ventre et coule jusqu’à son nombril. Il suivit immédiatement le chemin pris par le liquide. Sa langue tourna sur sa peau nue, lécha le dessous de son sein, l’arête de ses côtes, puis lui chatouilla l’estomac et le nombril jusqu’à ce qu’il sente les hanches de la jeune femme se tordre de plaisir sous lui.

Il plaqua les mains sur ses cuisses.

— Ne bouge pas. Je veux me faire plaisir.

Dahlia se recoucha, les bras tendus au-dessus de sa tête, le corps ouvert à ses explorations. Elle adorait quand cette envie le prenait.

— Continue, je ne veux surtout pas t’empêcher de t’amuser.

Il lui écarta les jambes et enfonça la main dans sa chaude toison. Il le fit sans douceur, massant sa cuisse de son autre main et introduisant les doigts dans son intimité humide. Mais dans son corps et dans son cœur, Dahlia en voulait plus.

Elle percevait sa propre excitation, couchée ainsi au soleil, offerte à son amant tandis que, de sa langue, ce dernier s’aventurait toujours plus bas pour provoquer son désir et affirmer qu’elle était à lui corps et âme. Ses caresses lui donnaient toujours l’impression qu’elle lui appartenait. Qu’il lui appartenait. Elle frissonna lorsqu’elle sentit sa langue plonger plus profondément, et se retrouva incapable du moindre mouvement, coincée sous son corps musclé. Elle ne se sentait plus du tout vulnérable, mais protégée et brûlante de désir.

Il la lécha comme si elle était remplie d’un miel qu’il lui fallait boire jusqu’à la dernière goutte. Elle laissa échapper un grognement. Elle voulut s’enfoncer dans sa bouche, mais en vain, car le bras de Nicolas enroulé autour de ses jambes rendait cela impossible. Ses dents effleuraient la chair tendre à l’intérieur de sa cuisse. Il souleva ses hanches et l’attira contre lui, ce qui attisa encore l’énergie sexuelle qui s’amassait autour d’eux, entre eux.

Dahlia la reconnut, l’absorba, la laissa prendre possession d’elle, la submerger avec la même obsession affamée. Elle prit ses seins douloureux entre ses mains pour les soulager de leur tension, mais fut aussitôt relayée par Nicolas. Il les suça vigoureusement, au rythme du lent va-et-vient que ses doigts imprimaient en elle et qui exacerbait son désir.

Une vague d’excitation la parcourut et la rendit si humide qu’elle se retint à grand-peine de crier. Ses doigts s’emmêlèrent dans les cheveux de Nicolas et elle essaya de le tirer, de l’amener au-dessus d’elle, de le forcer à la pénétrer.

— J’ai tellement envie de toi, Nicolas, dépêche-toi.

Son souffle court ne fit qu’attiser le feu qui faisait rage en lui. Insaisissable Dahlia. Elle refusait de s’engager. Cela le rendait parfois fou. Il voulait la lier à lui, même s’il n’avait rien d’autre à lui offrir que ces incendies sexuels que ni l’un ni l’autre ne parvenaient jamais à éteindre complètement. Elle ondulait en dessous de lui comme de la soie brûlante. Elle avait un goût de miel et de fraise. Elle était au diapason de chacun de ses besoins charnels et ne lui refusait jamais rien, mais il avait toujours l’impression qu’elle lui échappait.

Il lui leva la tête pour regarder son visage. Il y lut le même désir qui, il le savait, transparaissait sur le sien.

— Épouse-moi, Dahlia. Reste avec moi pour toujours.

Elle s’immobilisa sous ses mains et sous sa bouche. Il n’arrivait pas à croire qu’il avait laissé échapper cette supplication, sachant pertinemment qu’elle n’était pas prête à la recevoir. Il baissa la bouche jusqu’à son sein et lécha son téton pendant que ses doigts s’enfonçaient plus profondément en elle.

Les yeux de Dahlia étaient braqués sur les flammes qui dansaient autour de la piscine. Ils essayaient de garder leurs ébats les plus torrides pour l’extérieur, près de l’eau, à l’endroit où cela présentait le moins de danger.

— En es-tu bien sûr, Nicolas ?

Il se figea à son tour et leva la tête pour la regarder. Il était sous le choc. L’espoir était un sentiment terrible qui n’avait pas son pareil pour s’immiscer dans les cœurs et dans les âmes.

— Tu sais que je t’aime, Dahlia. Je ne veux plus jamais vivre sans toi.

— Et si nous n’arrivons pas à fonder une famille ?

Elle poussa les hanches en avant, voulant qu’il la pénètre, mourant d’envie qu’il l’envahisse.

— Nous serons notre propre famille.

Nicolas sentait son cœur battre à tout rompre et son corps prêt à exploser.

Elle se tortilla contre sa main.

— Je te donnerai ma réponse dès que tu seras en moi.

Il ne se le fit pas dire deux fois. Il ne pouvait d’ailleurs plus attendre, tellement il était près de perdre tout contrôle. Il la saisit par les hanches et l’attira contre lui. La jeune femme enroula ses jambes autour de son corps pour lui faciliter la manœuvre. Il entra sans hésiter, les mains fermées sur ses chevilles pour la maintenir en position. Le matelas était mince, ce qui lui permit de se placer au-dessus d’elle et d’enchaîner les coups de reins vigoureux. Il se consuma immédiatement dans les flammes du corps de Dahlia. Sa raison s’évanouissait toujours lorsqu’il se trouvait en elle, lorsqu’elle soulevait les hanches pour aller à la rencontre des siennes, lorsqu’elle s’ouvrait encore plus afin de le faire entrer tout entier.

Il l’adorait comme cela, le visage tourné vers le sien, les seins se balançant au rythme de leurs deux corps. Elle était si belle. Si réelle. Ses muscles se crispaient autour de lui et l’enserraient si fort qu’il avait l’impression de perdre la tête. Il entendit son esprit s’adresser à elle en criant et répétant inlassablement la même formule. Dis oui, dis que tu me veux comme je te veux. Il était incapable d’articuler le moindre mot, car elle était en train de le vider de sa substance, de l’essorer de la tête aux pieds.

Son corps bougeait au même rythme que celui de sa partenaire. Il l’enveloppait, s’acharnait sur elle, l’adorait. Quant à Dahlia, elle le désirait tout aussi intensément. Pas seulement son corps magnifique, mais aussi les deux facettes de sa nature, sauvage et douce, brutale et tendre. Pour l’instant, il ne la ménageait pas. Ses mains étaient dures et ses doigts l’étreignaient à mesure que l’énergie enflait sous la férocité de leur étreinte. La jeune femme était tout aussi déchaînée. Ses ongles s’enfonçaient dans la peau de son amant, et ses cris en demandaient plus, toujours plus. Tous deux étaient dévorés par une faim sauvage.

Elle sentit l’orgasme venir et dépasser le stade du plaisir pour frôler celui de la douleur. Elle s’agrippa alors vigoureusement à lui et l’entraîna dans son extase. Elle lui hurla sa réponse en un souffle rauque tandis que son corps tremblait sous l’effet de la jouissance. Des étincelles retombèrent en feu d’artifice dans la piscine et percutèrent l’eau dans un concert de sifflements. Immobiles, ils écoutèrent les crépitements des flammes et se sourirent.

Lorsqu’il eut enfin retrouvé son souffle et que son cœur eut repris un rythme normal, Nicolas se pencha pour déposer un baiser sur le nombril de Dahlia.

— Tu as dit « oui ».

Il murmura ces mots contre son ventre, sans la regarder. Il attendait.

Dahlia lui empoigna les cheveux.

— Tu n’oserais quand même pas prendre ma réponse pour argent comptant, vu les moyens que tu as employés pour l’obtenir !

Il y avait de la moquerie dans sa voix. De la satisfaction. Un ronronnement.

Nicolas remonta jusqu’à son sein en l’embrassant.

— Bien sûr que si. Pour qui me prends-tu ?

— Bon, alors dans ce cas, j’imagine que tu vas devoir me supporter pour toujours.

Nicolas ne releva pas la tête. Il n’osait pas la regarder, car son cœur débordait de joie. Avec Dahlia, ses émotions étaient toujours amplifiées. Toujours intenses.

— On dirait bien, en effet, renchérit-il d’une voix rauque, néanmoins audible. Je t’aime, Dahlia. Tu ne le regretteras pas.

Le rire de la jeune femme vibra autour de lui.

— Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète.

Il l’embrassa, incapable de s’en empêcher. Ils partagèrent ce qui restait de limonade et restèrent couchés, côte à côte, profitant du soleil. La main de Nicolas était toujours sur elle.

— Je me disais qu’on pourrait aller rendre visite à Lily la semaine prochaine. Elle s’inquiète beaucoup, et cela m’ennuie de repousser constamment votre rencontre.

Il prononça cela sur un ton nonchalant, mais il la sentit se raidir sous sa paume.

— Je ne sais pas trop.

Elle ne dit rien de plus, mais il sentit la peur dans sa voix.

— Ryland m’a dit que, si nous n’y allions pas bientôt, Lily et lui viendraient nous rendre visite ici. C’est très important pour elle, Dahlia, et elle pourra t’enseigner les exercices qu’elle nous fait faire quotidiennement pour renforcer nos défenses.

— Tu peux me les apprendre toi-même, fit-elle remarquer.

— Oui, mais elle pourra en trouver d’autres spécialement conçus pour contenir l’énergie.

Il n’était pas sûr du tout que Lily puisse faire cela, mais l’en croyait raisonnablement capable.

— Très bien, j’irai. Mais si je fais flamber sa maison et que je te fais honte devant ton ami Ryland et tous les GhostWalkers, tu devras quand même m’épouser.

Elle lui cachait son visage, et malgré son ton taquin, il savait que cette inquiétude était bien réelle.

Il se replaça au-dessus d’elle et immobilisa son petit corps frêle sous le sien. Il prit ensuite son visage entre ses mains et s’empara de sa bouche. Il ne se lasserait jamais de l’embrasser. De sa langue, il lui écarta les lèvres et s’enfonça à l’intérieur pour y déverser son amour, tout au fond de sa bouche, de sa gorge, de son corps.

— C’est promis, répondit-il avec sincérité.

 

— C’est au-dessus de mes forces, Nicolas, dit Dahlia.

Elle était si pâle que le sniper crut qu’elle allait s’évanouir. Il arrêta la voiture devant le portail de l’immense propriété et se pencha par la fenêtre pour composer le code d’accès.

Dahlia avait une main sur la poignée de sa portière, prête à sauter hors du véhicule. Elle le regarda, les yeux écarquillés.

— Sincèrement, Nicolas, je ne peux pas. Partons avant que quelqu’un nous voie.

Nicolas fit un signe à la caméra de surveillance, car il savait qu’Arly, le responsable de la sécurité du domaine, les avait certainement vus arriver et les avait identifiés grâce à leur plaque d’immatriculation. Le portail s’ouvrit lentement et Dahlia retint sa respiration si longtemps que Nicolas pensa de nouveau qu’elle allait perdre connaissance.

— Je ne t’ai jamais vue comme ça, Dahlia, dit-il en lui tendant la main pour la calmer. Cela fait des semaines que Lily attend de te rencontrer. Elle avait décidé de venir nous voir, et l’aurait fait, mais tu as préféré revenir ici pour voir quels souvenirs cela éveillerait en toi, poursuivit-il d’une voix apaisante.

— Je sais. C’est juste que je n’aurais jamais pensé ressentir une telle angoisse. (Elle lui prit les doigts et les serra très fort.) C’est à peine si j’arrive à respirer.

Dahlia admira le domaine verdoyant, avec ses pelouses qui s’étendaient à perte de vue et ses innombrables fleurs de toutes les couleurs. Elle s’était dit qu’elle se souviendrait de la maison et des jardins, mais rien de tout cela ne lui rappelait quoi que ce soit. Elle ne pouvait que rester sur son siège, toute tremblante à l’idée de revoir Lily. De constater qu’elle était bien réelle, et pas un produit de son imagination enfantine, créée de toute pièce par son désespoir et son besoin d’être aimée par quelqu’un. Si Lily la rejetait ou lui tournait le dos, Dahlia n’était pas certaine de pouvoir y survivre.

Tandis que la voiture arrivait au bout de la longue allée, elle aperçut une femme sur les marches de l’immense manoir. Le style de la bâtisse, dotée de nombreuses ailes, était clairement européen. Dahlia vit l’inconnue se protéger les yeux du soleil avec la main et s’agripper à l’homme qui se tenait à ses côtés. Ce dernier l’entoura de son bras.

— C’est Lily, n’est-ce pas ?

Lily. Elle était très belle et très réelle. Dahlia reconnaissait à peine sa propre voix. Elle serra encore plus fort la main de Nicolas.

— Oui, avec son mari, Ryland.

Nicolas avait envie de prendre Dahlia dans ses bras et de la serrer contre lui. Elle tremblait d’excitation, enserrait sa main comme dans un étau, et il voyait la veine de son cou battre à tout rompre. Elle était très pâle et ses yeux étaient immenses, presque trop grands pour son visage.

— Tekihila, mon amour, elle va t’adorer. Comment pourrait-il en être autrement ?

Dahlia restait persuadée que personne ne pouvait s’attacher à elle. Nicolas voyait cette appréhension dans ses yeux chaque fois qu’elle le regardait. La confiance qu’elle avait en leur relation s’était développée pendant les deux semaines qu’ils avaient passées seuls chez lui, mais cette visite chez Lily la bouleversait.

Il arrêta la voiture. Avant qu’il ait eu le temps de serrer le frein à main, Lily se précipita à leur rencontre.

— Elle boite, fit remarquer Dahlia.

— Oui, à cause d’un accident dans son enfance, répondit Ryland. Pendant une expérience.

Il n’en fallut pas plus pour que Dahlia jaillisse de la voiture et saute dans les bras de Lily. Nicolas sortit à son tour et prit la main que lui tendait Ryland. Ce dernier l’attira à lui et le serra virilement dans ses bras avant de le relâcher tout aussi rapidement.

— Elle est sur des charbons ardents depuis ce matin, dit Ryland. Elle n’arrêtait pas de donner des ordres incohérents au personnel. C’est la première fois que je la vois comme ça.

— Dahlia est dans le même état. J’ai bien cru qu’on n’arriverait jamais jusqu’ici. C’est une vraie boule de nerfs. Elle a très peur de déclencher un incendie, ou pire, de blesser quelqu’un.

— Crois-moi, Lily s’en fiche complètement. Je crois qu’elle considère Dahlia comme une sœur disparue.

— C’est la même chose pour Dahlia, répondit Nicolas. Des nouvelles de Trevor Billings ? Est-ce que le NCIS a terminé son enquête ? L’amiral est venu nous voir il y a deux semaines, mais nous n’avons pas eu de nouvelles depuis.

Ryland secoua la tête.

— Pas tout à fait. Billings a été arrêté et, bien entendu, renvoyé de Lombard Inc. L’entreprise nie toute implication dans ses activités, et l’enquête est toujours en cours. Les avocats de Lombard l’ont laissé tomber comme une vieille chaussette. Ils veulent que l’entreprise sorte blanche comme neige de toute cette histoire.

— Il est possible qu’ils n’aient pas été au courant du tout, fit remarquer Nicolas.

— Possible, mais il est très improbable que personne ne se soit jamais douté de rien, répondit Ryland. De toute façon, ce n’est pas notre problème.

Il passa le bras autour des épaules de Lily pour lui signaler que le moment des présentations était venu.

Lily se dégagea de l’étreinte de Dahlia, le visage mouillé de larmes.

— Dahlia, voici mon mari, Ryland Miller. C’est un GhostWalker lui aussi.

Ryland ne prêta aucune attention à la main que lui tendait Dahlia et la prit dans ses bras pour la serrer bien fort contre lui malgré la légère hésitation de la jeune femme.

— Ravi de rencontrer la femme qui a réussi à conquérir Nicolas.

Cela fit rire Dahlia.

— C’est ce que j’ai fait ?

— Selon lui, oui, répondit Ryland en essuyant tendrement les larmes du visage de Lily et en se penchant pour déposer un petit baiser sur le coin de sa bouche.

Ce petit geste attentionné alla droit au cœur de Dahlia. Elle ne pouvait se retenir de regarder Lily, son visage adoré, les yeux dont elle se souvenait. Et Lily la regardait de la même manière.

Nicolas passa le bras autour de la taille de sa fiancée.

— Tu le sais bien.

— Tu es prête à entrer dans la maison, Dahlia ? demanda Lily d’une voix hésitante. Je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit qui te mette mal à l’aise. Nous maîtrisons très bien nos émotions, et nous pouvons donc t’éviter la surcharge, mais la maison sera peut-être trop pour toi.

Dahlia secoua la tête.

— Je pensais que mes souvenirs seraient beaucoup plus nombreux. Rien ne me semble familier.

Lily lui prit la main.

— Tu reconnaîtras certainement la pièce. Dès la minute où j’ai découvert le laboratoire secret, je me suis rappelé notre dortoir. Le souvenir ne m’en est revenu qu’à cet instant. Je ne veux pas que tu te sentes aussi seule et aussi bouleversée que je l’ai été. J’aimerais venir avec toi, si cela ne te dérange pas.

— C’est pour te voir que je suis venue, Lily. Cela fait longtemps que j’ai accepté mon passé.

Dahlia n’était pas totalement sûre que ce soit vrai. Elle le souhaitait. À présent que Lily se tenait devant elle en chair et en os, elle n’était plus très certaine de vouloir affronter son passé. Il était encore temps de reculer. L’idée de passer le reste de sa vie seule avec Nicolas était très tentante ; elle savait qu’il lui, était entièrement dévoué et qu’il ferait de son mieux pour l’aider. Elle avait cru qu’un avenir avec Nicolas suffirait à la satisfaire, mais elle désirait désormais une famille. Elle ne voulait plus être seule au monde, et les GhostWalkers l’accueillaient à bras ouverts et la traitaient avec attention. Et il y avait Lily. Cette merveilleuse Lily.

— Tu as parlé à Jesse Calhoun ? demanda cette dernière tandis qu’elles se dirigeaient ensemble vers la maison.

Dahlia tenta de ne pas tenir compte du bond que fit son cœur.

— Oui, plusieurs fois. Il est très optimiste. Il m’a dit qu’il écrivait des chansons depuis toujours et qu’il avait l’intention de continuer. Il m’a également parlé d’une station de radio dont il était le patron, là où il habite. Il y retournera dès que l’hôpital lui donnera le feu vert. Il ne me l’a pas dit, mais le directeur m’a expliqué qu’il ne marcherait plus jamais.

— Je lui ai parlé plusieurs fois moi aussi, et nous avons commencé les exercices pour renforcer ses barrières mentales. (Lily poussa un soupir.) C’est vraiment une tragédie. Jesse est quelqu’un de bien. Ryland et moi avons passé beaucoup de temps avec lui. Il ne se laisse pas décourager. Je suis sûre qu’il s’en sortira, mais c’est très triste.

— Celui qui me fait le plus de peine, c’est Martin Howard, dit Dahlia. Il aimait son frère. Je l’ai lu sur son visage. Je crois qu’il se serait laissé tuer sans se défendre.

Nicolas déposa un baiser sur sa tempe. Dahlia s’était retrouvée si près de Roman Howard qu’il en avait eu la peur de sa vie. Il n’avait pas osé ôter les yeux de sa cible, et n’avait rien pu faire pour la protéger de la tempête d’énergie violente qui l’avait submergée. Plus jamais il ne voulait se sentir aussi désemparé.

— Je n’aurais pas laissé cela arriver, dit-il nonchalamment, repoussant le souvenir des convulsions de la jeune femme et de sa propre peur à l’idée des dégâts qu’auraient pu entraîner ses réactions physiques à la violence.

Ils franchirent la magnifique porte en chêne et entrèrent dans la maison. Dahlia se rendit compte que sa bouche était sèche. Une femme d’un certain âge se tenait là, hésitante. Elle se tordait les mains et souriait, même si elle paraissait au bord des larmes.

— Dahlia, voici Rosa. Elle a été une mère pour moi toutes ces années, et c’est elle qui s’occupe de faire tourner la maison, dit Lily.

Dahlia ne reconnut pas la gouvernante, mais son nom éveilla en elle les souvenirs d’une infirmière prénommée Rosa qui s’occupait toujours de Lily. Elle était restée auprès de la jeune femme, tout comme Milly l’avait fait avec elle.

— Je suis enchantée de vous rencontrer, murmura-t-elle malgré la boule qu’elle sentait dans sa gorge.

Elle ne savait pas exactement ce qu’elle ressentait. Ses émotions semblaient jaillir de nulle part et exiger une place au premier plan, mais c’était une chose que Dahlia voulait à tout prix éviter. Il était hors de question qu’elle mette le feu à la maison de Lily.

— Je suis heureuse de te revoir parmi nous, Dahlia, répondit Rosa.

La voix ne lui était pas inconnue. Elle se rappela l’avoir entendue appeler Lily et l’éloigner d’elle au beau milieu de la nuit. Elle se souvint de la douleur insoutenable dans sa tête, des éclats de verre qui semblaient s’enfoncer dans son crâne. La température commença aussitôt à s’élever et la pression augmenta dans sa poitrine. Dahlia s’arrêta.

— Ce n’est peut-être pas une très bonne idée. Cela pourrait être dangereux.

— Cette maison nous appartient à tous, Dahlia, dit fermement Lily. Elle a résisté à tous nos problèmes, et survivra aux tiens. N’est-ce pas, Rosa ?

— Bien sûr. Puis-je t’offrir quelque chose à boire ou à manger ? proposa la gouvernante.

Dahlia secoua la tête. Elle ne se sentait pas en état d’avaler quoi que ce soit.

Lily semblait comprendre ce que son amie ressentait. Toutes deux voulaient que ce moment difficile se termine. Elle emmena Dahlia et Nicolas vers la pièce qui avait été le bureau de son père. La porte était fermée par un système de sécurité.

— Personne n’a le droit d’y entrer, expliqua Lily. Il y a trop de documents sensibles.

Elle s’approcha d’une belle horloge à balancier et en ouvrit la porte vitrée.

— Si c’est trop difficile, Lily…, commença Dahlia.

— Non, je veux que tu le voies. C’est une bonne chose que nous ayons été plusieurs. Je t’ai retrouvée, et toutes les deux, nous retrouverons les autres.

L’horloge cachait une porte dérobée, qui s’ouvrit pour révéler une trappe dans le plancher.

Le cœur de Dahlia battait à tout rompre. L’espace d’un instant, elle ne parvint plus à bouger. Lily s’engagea dans l’escalier et continua à lui parler par-dessus son épaule.

— Je peux t’aider à te protéger de l’énergie que tu attires ; pas entièrement, mais au moins en partie. Cela devrait te permettre d’évoluer dans la foule, peut-être d’aller à un spectacle de temps en temps ou de faire les boutiques même s’il y a du monde autour de toi.

Nicolas prit la main de Dahlia et l’attira contre lui, prêt à la faire sortir de la maison dès le moment où elle ne pourrait pas en supporter davantage.

Le contact de Nicolas permettait à Dahlia de maîtriser ses émotions.

— Par quel moyen ? J’ai passé ma vie à essayer de la contrôler, Lily, expliqua Dahlia, qui n’osait pas s’en rapporter à son amie malgré tout le désir qu’elle avait de la croire. C’est vrai que vous semblez tous être parfaitement maîtres de vous-mêmes.

Elle ne posa pas le pied sur l’escalier mais regarda Ryland y suivre sa femme.

— Nous souffrons tous de migraines et de diverses répercussions physiques lorsque nous utilisons nos talents, mais tu es la première à attirer l’énergie, répondit Lily. Je ne savais pas que j’avais subi des expériences, et je pensais que mon père avait équipé cette maison de murs épais et de systèmes d’insonorisation pour me protéger. Bien entendu, c’était avant tout ses recherches qu’il cherchait à protéger.

Elle s’arrêta sur la dernière marche et leva les yeux vers Dahlia.

— La vérité a dû être terrible à apprendre, compatit Dahlia.

Imaginer Lily découvrir les bandes de leur horrible enfance la rendait malade. Nicolas lui avait raconté comment Lily, qui cherchait le moyen d’aider les GhostWalkers, avait en fait trouvé les preuves de la trahison de son père. Elle n’avait aucune envie de regarder ces enregistrements avec Lily.

— Rien ne t’y oblige, lui rappela Nicolas.

Dahlia inspira profondément. Elle devait le faire. Le professeur Peter Whitney était le monstre de ses cauchemars. Elle s’était crue folle parce qu’elle avait des souvenirs très vivaces de ce laboratoire qui, selon ce qu’on lui avait dit et répété, n’existait que dans sa tête. Mais, plus que tout, il fallait qu’elle voie son passé parce que c’était cela qui la reliait à Lily. Elle voulait que Lily entre dans sa vie. Elle voulait pouvoir faire partie de sa famille. Et elle voulait l’aider à retrouver les autres femmes qui avaient été les cobayes de Whitney. Elle ne supportait pas de les imaginer quelque part dans le monde, seules, persuadées d’être folles. Tout avait commencé dans ce laboratoire souterrain et elle avait besoin d’affronter ses démons. Elle posa le pied sur la première marche de l’étroit escalier et commença à descendre.

Elle regarda la grande vitre sans tain. La porte qui menait aux petits dortoirs. Elle porta sa main à sa gorge.

— Tout est vrai. Je ne suis pas folle.

Lily passa les bras autour d’elle.

— Bien sûr que non. J’ai toutes les bandes de notre enfance. Des détectives privés sont en train de chercher les autres petites filles. Je crois que j’en ai peut-être trouvé une. Nous n’en sommes pas encore sûrs, mais c’est une possibilité. Je te montrerai tout, Dahlia.

— Tu te souviens des autres petites ? J’ai essayé de me les remémorer. Flamme, avec ses cheveux très roux. J’en ai des souvenirs très vivaces.

— Iris, confirma Lily. Et il y avait également Tansy. Elle était très calme, très introvertie.

— C’est vrai.

Dahlia sentit un grand soulagement l’envahir. Elle se souvenait des autres enfants. Toutes des filles, avec chacune leur propre nounou.

— Il y avait le bébé, Jonquille. Elle était si petite. Et Laurel. Qui d’autre ?

— Il n’y avait pas une Rose ? Je me souviens de son rire.

Dahlia hocha la tête. Les rires avaient été rares dans le laboratoire. Elle n’aurait pas pu oublier Rose.

— Je sais qu’il y en a d’autres.

— Nous nous en souviendrons ensemble, la consola Lily. Nous dénicherons toutes leurs bandes et nous les retrouverons.

Elles se regardèrent et sourirent, sur la même longueur d’ondes. Lily lui tendit la main, et Dahlia la prit.

— Je suis si heureuse que tu sois venue. Ryland est merveilleux. Je l’aime énormément, mais je me sens très seule par moments. Quand tu es là, ma solitude s’envole.

— C’est exactement ce que je ressens moi aussi, avoua Dahlia. Est-ce que c’est ici que le professeur Whitney a procédé à ses expériences sur Jesse et ses amis ?

Lily hocha la tête.

— Il ne voulait pas que le colonel Higgens soit au courant de leur existence. Il le soupçonnait de vouloir tuer les GhostWalkers et voulait être certain que son expérience ne serait pas interrompue.

— En gros, expliqua Ryland, le professeur Whitney s’est servi de mon groupe comme d’un leurre pour empêcher Higgens de découvrir ses autres cobayes. Il travaillait ici même, dans son laboratoire, et les hommes pouvaient entrer et sortir par les tunnels.

— Donc, si vous aviez tous été tués, dit Dahlia en tendant la main à Nicolas, il aurait quand même pu continuer son expérience.

En voyant le visage de Lily, elle garda pour elle le reste de ses pensées.

— Je suis désolée, tu devais l’aimer énormément.

Lily se colla à Ryland pour qu’il la réconforte.

— Il avait deux facettes. Celle du monstre qui nous a fait tout cela, et celle de l’homme qui était mon père.

— As-tu retrouvé ses dossiers sur Calhoun et ses collègues ? demanda Nicolas.

Lily fit un signe de tête affirmatif.

— Oui, il y a deux ou trois jours. Je ne les ai pas encore regardés, mais dès que je les aurai lus, je devrais pouvoir être en mesure d’identifier tous leurs problèmes et de mettre au point un programme spécifique. (Elle se tourna vers Dahlia.) Tout comme je le ferai pour toi.

Dahlia regarda Nicolas, son point d’appui, son stabilisateur. L’homme qui lui avait offert une vie, et désormais une famille. Elle lui passa les bras autour du cou, sa première démonstration d’affection spontanée en public.

— Merci. Merci de m’avoir rendu ma vie.

Il l’embrassa sans se soucier du sourire niais de Ryland ni de l’expression de Lily, visiblement très satisfaite d’elle-même.

— Je t’aime, Dahlia Le Blanc. Pour toujours.

La jeune femme le dévisagea longuement de ses yeux noirs et obsédants.

— Tant mieux, mais je t’aime beaucoup, moi aussi, Nicolas Trevane, et si jamais tu tentes de manipuler mes sentiments, dis-toi bien que tu joueras avec le feu. Littéralement.

 

FIN DU TOME 2



[1] Tous les mots en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte original. (NdT)

Jeux d'esprit
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